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Nogent- l’Abbesse, novigentum (de nova gens)
Cette commune, au bas du signal des Rosières, élevée sur le mont de Berru, a un presbytère, une école, un moulin à vent, et pour écart une partie de la ferme de Roucisson. Elle possède une fontaine publique et de petits bassins ou lavoirs. Ses habitants engraissent des moutons, des bœufs et des veaux. Leurs puits, creusés à la profondeur de 30 à 33 mètres dans la craie ne tarissent pas, et donnent une eau saine. Cinq personnes exploitent une cendrière. Le sol se compose de trois sortes de terrains : le sablonneux planté de bois, l’argileux qui porte les vignes et les terres fortes pour les céréales.
Le territoire long de 5 km sur 3 contient 1016 hectares, dont 796 en terres labourables, 65 en bois, 83 en vignes.
80 laboureurs y cultivent 170 ha en prés artificiels, les eaux qui descendent de la cendrière et du village arrosent les terres sans les gâter.
Nogent est surnommé l’Abbesse, parce que la supérieure du couvent des carmélites de Reims y avait une maison et y possédait des biens.
Au moment de l’arrivée des Allemands, le 3 septembre 1914, la plupart des habitants, effrayés par les récits des émigrés des Ardennes, s’étaient enfuis. Il n’est resté dans le village que 19 hommes et une femme. Mais la plupart des fuyards, étant partis trop tard, n’avait pas pu dépasser Vertus, et voyant à la bataille de la Marne qu’ils ne pourraient pas passer, étaient rentrés chez eux, si bien que quand les Français revinrent devant la Pompelle, il y avait 140 personnes dans le village.
Dés le début de l’occupation les Allemands firent partir dans les Ardennes les jeunes gens et les hommes susceptibles d’être soldats (de 15 à 45 ans) Ils firent de ceux-ci des convois, surtout de jeunes qui allaient d’un village à l’autre en colonnes gardées pour y travailler. Beaucoup sont morts de privations et de manque de soins. La veille de Noel, ils firent partir un second convoi composé de personnes âgées, également sur les Ardennes. Il resta ensuite environ 110 personnes qui n’eurent pas à se plaindre de leurs relations avec les hommes de troupe. Mais il fallait exécuter strictement les consignes. On pouvait circuler, mais seulement loin des lignes et du fort*. Les travaux des champs se faisaient sous la direction et le contrôle des Allemands. Ils désignèrent un conseiller municipal pour faire fonction de maire en le menaçant d’être fusillé si les prescriptions n’étaient pas exécutées. Ce dernier prêcha le calme et la soumission aux ordres, ne pouvant faire autrement, de sorte qu’aucune sanction pénale ne fut infligée aux habitants. Aucun civil n’a été tué ni blessé au cours de bombardements.
En mars 1917, le village fut évacué à Sedan et à Floing. Une vingtaine de personnes qui avaient été conservées dans la commune furent à leur tour emmenées, trois semaines plus tard, à Corny (08) et y restèrent jusqu’à l’armistice.
Fort de Nogent l’Abbesse, construit aux environs de 1880 sur le territoire de la commune et faisant partie de la ceinture des forts destinée à protéger la ville de Reims. Désarmé et abandonné à la veille la Grande Guerre, il fut occupé par les Allemands pendant toute la durée du conflit.