Comment imaginer en ce magnifique début d’été 1914, aux moissons si prometteuses, être à l’aube du plus grand bouleversement de tous les temps ?
Le Français, majoritairement paysan, chez qui on vient à peine d’installer l’électricité va être confronté en un laps de temps très court à un changement de mode de vie radical.
En âge de porter les armes, il va devoir abandonner sa famille, sa terre, son travail et ses habitudes, pour combattre avec d’autres hommes aux convictions identiques dans des conditions effroyables.
Faisant front contre un ennemi commun, ces hommes de toutes conditions sociales, venus de toutes les régions de France apprendront à souffrir côte à côte pendant plus de 4 ans.
Le 3 août 1914, l’armée française, sensée être l’une des mieux équipée et entraînée au monde va devoir faire face à une armée allemande ambitieuse et déterminée possédant une technique et un arsenal de guerre supérieur au notre.
Durant plus d’un mois, les Français battus aux frontières de l’Est après l’envahissement de la Belgique sont en recule constant jusqu’aux abords de la capitale ou ils parviennent épuisés.
Dans un sursaut d’énergie extraordinaire qui forcera l’admiration du monde entier, sous l’impulsion des généraux Joffre et Galliéni, l’armée Française va repousser les troupes Allemandes qui se voyaient déjà défilant dans Paris à plus de 100 kilomètres de la capitale. C’est la victoire de la Marne.
Après la « course à la mer » les belligérants s’installent sur une ligne de feu qui devient véritablement une nouvelle frontière, le frot, qui ne bougera presque plus jusqu’en 1918. C’est la fin de la guerre de mouvement, le début de la guerre de position…mais depuis un mois il se déroule sur notre sol d’intenses combats d’une atrocité et d’une sauvagerie sans nom, une hécatombe sans précédent. Le 22 août 1914, jour de deuil de l’armée Française, certaines unités comme le 151ème régiment d’infanterie perdront 800 hommes en quelques heures. Si les communiqués de presse ne font état que de victoires, de ténacité et de bravoure de la part de nos troupes, les autorités françaises quand à elles tentent de dissimuler le chiffre réel des pertes à la population. Fin septembre, partout, le front se stabilise et les armées s’enterrent.
Le secteur des Monts
La ligne de front, dans notre région est matérialisée par la route de Reims à Suippes orientée d’Ouest en Est, longeant le Sud des Monts de Champagne à partir du Fort de la Pompelle.
Celui-ci , désarmé et abandonné en 1913 pour des raisons tactiques comme beaucoup d’autres forts du même type, est occupé par les Allemands lors de leur progression en direction de Paris.
Il est pris par les Français le 24 septembre 1914 et malgré l’acharnement ennemi, ce haut lieu stratégique restera entre nos mains jusqu’à la fin de la guerre. Vaste ouvrage fortifié souterrain il servira de point d’ancrage et de plate forme de soutien à tout le système défensif français au Sud de Reims.
Au départ du Fort, tous les villages situés au Nord de la route menant à Suippes sont aux mains de l’Allemand. Au Sud de ce même axe, en fonction de leur proximité des zones de combat, les villages sont tenus par l’armée Française après l’évacuation de la population ou occupés par les habitants restés sur place.
Tout l’intérêt du travail de mémoire réalisé par l’ensemble des communes et de ses habitants sous l’égide de l’association réside dans le fait que celles-ci témoignent de ce qu’elles vécurent pendant 4 années sous le joug Allemand ou l’occupation de l’armée Française.
Rédigé par Gervais CADARIO