Mémoires des Monts de Champagne

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Exposition sur l'année 1914

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BEINE

 

Dans le village, il existe un vestige d’un dolmen connu sous le nom de Pierre de Nauroy. Le mégalithe est adossé à une encoignure de porte à
l’embranchement des rues de Nauroy et Sillery. Il devait être plus long qu’actuellement et aura sans doute été brisé pour en faciliter le transport. Cette pierre a été amenée en cet endroit il y a plus d’un siècle. Elle est de nature siliceuse et a dû être extraite dans l’antiquité des carrières de Verzy. Les lieux dits de Beine sembleraient indiquer l’emplacement d’autres mégalithes. Ces désignations mentionnent « La Grosse Pierre » qui marque l’emplacement d’une colline inculte et crayeuse à la limite de Beine et Selles ; non loin de là se trouve encore une campagne de « la Pierre Poiret « ; sans compter les surprises du sous-sol. C’est d’une colline du territoire de Beine que jaillit le ruisseau appelé la Conge.

Congrès archéologique de france – Chalons sur marne – 1855; Beine (BAINA  polypt. De l’Abbaye de St Rémi 2° siècle)

Des recherches archéologiques au lieu dit les « Bouvrets « , petite éminence allongée, ont permis de découvrir un cimetière gaulois, situé à égale distance de Beine et de Nauroy et mettre à jour 52 tombes à inhumations et 32 à incinérations. Les modes funéraires, les poteries et les objets recueillis nous incitent à penser que cette intéressante nécropole dépendait d’un petit clan gaulois qui y déposa ses morts à une époque assez reculée pour se continuer jusqu’à l’invasion de la Gaule par les Romains.

BAINA : milieu du 9° siècle (polyptique de St Rémi)
L'abbaye de Saint-Rémi possédait déjà la villa de Beine au milieu du IX ème siècle.
Le manse seigneurial comprenait des bâtiments d'exploitation, un verger, quatre clos ensemencés de seigle et coutures semées d'épeautre (blé rustique).Il était cultivé par le moyen de corvées imposées aux hommes de l'abbaye. Le reste du domaine était réparti en manses, de quelques hectares chacun, dont les colons et les serfs de Saint¬ Rémi avaient la jouissance héréditaire, moyennant certains services ou redevances (brebis, poulets, oeufs, bois, foin, sel, journées de travail, réparations).
Le maire préposé au domaine par les moines venait à Pâques et à Noël leur offrir, en signe de respect et de dépendance, quatre poulets, quatre gâteaux, une bouteille de vin et une bouteille de miel ; le curé et le meunier étaient soumis aux mêmes obligations.

Beine compte 726 habitants en 1905.
Le marché a lieu le jeudi, les foires le 30 avril et le 5 octobre.
Le passage du facteur a lieu à 7h du matin et à 3h de l’après-midi.
Le maire est Mr De Sarcilly, l’adjoint Pol Lefèvre, le curé Berteaux, l’instituteur Mr Rémion, l’institutrice Melle Maurette.
La superficie du terroir est de 2680 ha dont 660ha en terres labourables, 2000ha en bois et 20ha en vignes.
On compte 213 maisons où logent 260 ménages.
Les principales activités sont la culture et le tissage mécanique mais aussi 5 aubergistes, 1 boucher, 2 boulangers, 5 cafés, 1 charcutier, 1 charron, 3 négociants de chevaux, 3 coquetiers, 2 cordonniers, 2 couvreurs, 4 épiciers, 1 maréchal, 3 maçons, 1 meunier, 1 quincaillier, …
(Renseignements tirés de l’annuaire Matot-Braine de 1905)

Beine était autrefois une petite ville assez importante, entourée de remparts très élevés avec deux portes, l’une à l’Est, l’autre à l’ouest, qui ont disparu, et de larges fossés dont il subsiste des restes.
Avant guerre au recensement de 1911, Beine avait 559 habitants.
L’armée française se repliant de Belgique passe à Beine les 1er et 2 septembre 1914. Les Allemands arrivent le 3 et pillent les maisons des personnes qui sont parties ; réquisitions violentes, etc. Du 7 au 10 septembre on ne voit plus un seul Allemand, tous sont à la bataille de la Marne, d’où ils reviennent en grand nombre dans la nuit du 10 au 11 ; un officier avoue avoir fait 70 km. Désormais c’est l’occupation jusqu’en octobre 1918.
Lorsque se produisaient les bombardements français les habitants se réfugiaient dans les caves. Un homme (étranger à la localité) et Mme veuve Tribout, qui s’entêtèrent à ne point s’abriter, ont été tués, par un obus en novembre 1914. Pas d’autre accident dans la suite, bien que les civils fussent obligés à travailler dans les champs, ou astreints à camoufler les tas de craie retirés des tranchées.
Le ravitaillement d’abord pénible s’établit peu à peu, les personnes qui logent les officiers, plus avantagées, partagent avec les autres. Les vivres du ravitaillement hispano-américain arrivent régulièrement à partir du 1er avril 1916.
280 habitants sont restés dans la localité. Le 29 septembre, arrestation du curé, M. l’abbé Marion  et de l’organiste, soupçonnés d’espionnage. Ils sont interrogés sommairement, conduits à Pontfaverger, sans vivre, et ligotés sur une chaise, le premier pendant 12 heures, le second 19 heures. Le train les emmène ensuite à Rethel, 4 jours de cellule, nouvel interrogatoire plus bienveillant, mais encore six semaines de prison.
Première déportation de 150 personnes de tout âge, le 23 décembre 1914. Seconde déportation à Pâques 1915. Les Allemands veulent se débarrasser des vieillards et des familles nombreuses. Une mère dont le dernier enfant n’a que trois jours, est hissée sur un tombereau ! Tous ces habitants sont dirigés sur les Ardennes. Quelques-uns se font rapatrier en France libre. Les vieillards meurent pour la plupart en exil. Le 19 mars 1917 évacuation générale du front ; les 56 derniers habitants sont conduits à Bazeilles, puis à Daigny, où ils retrouveront leur curé nommé là… par les Allemands.
Toutes les maisons du village ont été détruites, ou ont dû être rasées ; deux seulement ont été réparées. Les abords de la grande rue sont sillonnés de sapes, ces souterrains se sont écroulés à certains endroits. Pour les fondations des nouvelles maisons il a fallu, parfois creuser jusqu’à 7 mètres pour trouver le terrain ferme.  Les champs étaient remplis de trous d’obus, les prisonniers Allemands ont aidé les habitants à remettre leurs terres en état.
L’église de Beine a été classée monument historique depuis la guerre. Le 13 septembre 1914 les Allemands l’ont transformée en ambulance, mais elle a été ensuite rendue au culte… pour les Allemands. Ils ont fait sauter le clocher le 15 mars 1916, sous prétexte qu’il était point de repère pour l’artillerie. Les bombardements français ont achevé la destruction de l’édifice dont il n’est resté que quelques murailles, et les arcades de la grande nef. La reconstruction entreprise par les beaux-Arts a été commencée au printemps 1925.
Un monument aux morts comportant 23 noms, se dresse sur la place publique, entre l’église et la grande rue, en face de la route venant de Lavannes.
Extrait de : LA GUERRE DE 1914 – 1918 DANS LA MARNE
        La Pompelle et sa région, La montagne de Reims Edité en 1925

Aujourd’hui Beine-Nauroy est un village très vivant, très jeune, très dynamique, proche de Reims.
Le village a été entièrement reconstruit. Des pavillons récents se sont construits autour des anciens remparts et fossés. On peut y admirer son église classée et ses vitraux témoins des batailles de 1914-1918. Beine-Nauroy est village fleuri 2 fleurs.

 

Résumé par Monique DURAND

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