Mémoires des Monts de Champagne

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Exposition sur l'année 1914

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DONTRIEN

Le village avant guerre
Dontrien est situé un peu au-dessu du confluent de la Suippe et de la Py.
Son nom vient peut-être de Donnus Trojanus (saint Trojan évêque de Saintes), patron primitif de la paroisse. Celle-ci dépendant du doyenné de Bétheniville, fut dédiée à Saint Laurent plus tard, et l'abbé de Saint Nicaise présentait à la cure. Le village faisait partie jusqu'à la Révolution du comté de Saint Souplet, et relevait de Reims pour les principales juridictions.
L'église est le principal monument du village, elle est remarquable pour les nombreuses inscriptions dans l'escalier des combles, dans les combles eux-mêmes et dans le clocher, relatives aux restaurations mais aussi à la météorologie et aux événements (ex le passage de Louis XIII). Mais il faudrait peut-être évoquer aussi le marronnier plusieurs fois séculaire, qui ne résistera pas à la 1ère guerre (voir photo).
Deux cimetières gaulois sont évoqués par les archéologues du XIXème siècle, qui ont livré des torques, des vases, des varmes ( Lieux-dits Moulin Pigeon et peut-être La Hurte).
C'est un village agricole ( seigle, orge, avoine, prés et bois), mais on y trouve aussi une usine de tissage mécanique (100 métiers qui produisent des châles en cachemire) appelée "Chamelot". En 1911, on y compte 259 habitants.

Histoire de l'arrivée des Allemands:
Ce récit a été fait par l'abbé Dézy, curé de la paroisse, qui dès son retour en 1920  enregistre les témoignages des habitants.
Les Allemands sont annoncés dès les 26-28 août: les habitants qui peuvent partir partent. Dès le 30, les soldats français se replient vers Châlons, puis ce sont les réfugiés belges, ardennais qui passent, avec les biens qu'ils ont pu regrouper: animaux, troupeaux, charrettes. Cela dure une semaine, et les habitants de Dontrien commencent à penser qu'ils vont devoir les imiter. A partir du 29 août, c'est le tour des soldats  blessés, dont certains allemands, qui arrivent par les champs et par le train pour les plus graves: le curé de la paroisse fait appel à la générosité des gens. Ambulances et médecins militaires portent les premiers soins.
A partir du 31 au soir et 1er septembre, une cannonade (du côté de Sommepy) effraie le village. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, c'est la panique: on apprend que les ennemis arrivent. Les gens fuient, mais il est trop tard, ils seront rattrapés à Ay et Vertus par les Allemands qui leur "conseillent" de rentrer chez eux.
Ils arrivent le 2 septembre vers 11h du soir, certains traversent le village, mais le plus gros des troupes s'installe autour du village. Ils pillent, pour trouver des armes ou d'éventuels soldats français cachés dans le clocher. Ils poursuivront leur avancée vers Châlons, alors que les habitants émigrés eux, reviendront à partir du 6 septembre, et découvriront le pillage.
Le 9 septembre, ce seront les Allemands, battus au cours de la bataille de la Marne, qui investiront la commune jusqu'en 1918.

Sous l'occupation
Les villageois auront, comme ailleurs, à souffrir de l'occupation allemande: réquisitions, vexations, ou    violences:
- Atteintes aux biens
A leur arrivée, les Allemands vont obliger les habitants à se rendre à la fabrique Chamelot, pour pouvoir perquisitionner leurs maisons. Les hommes devront y rentrer tous les soirs pendant 162 jours, ils seront ensuite mieux logés.
La nourriture: pendant 15 jours, il y a eu distribution générale de soupe. Le maire, qui a trouvé une réserve de farine chez le boulanger mobilisé fait du pain pour tous, d'autres s'en font pour eux-mêmes. Une partie des habitants profitent de la générosité des cuisines allemandes (ceux qui travaillent pour l'occupant?), une partie est privée de tout.
Les maisont sont perquissionnées pour trouver du cuivre, des métaux. L'église est dynamitée par les Allemands le 13 novembre 1914, les orgues sont détruites, les objets précieux disparaissent.
- Atteintes aux personnes:
Violences: A l'arrivée des Allemands, MM. Baudry(de Vaudesincourt) et Arnoud, qui faisaient des signes en guidant leur troupeau sont accusés d'avoir fait des signaux, l'un d'eux est fusillé sur le champ.
Le 12 septembre suivant, le maire, son adjoint et le  sergent des pompiers sont pris en otage. Faits prisonniers, ils s'enfuient le lendemain.
Plus tard (erreur de date, car celle qui est donnée est: 1919), une dame sera tuée par un obus en étendant son linge dans son grenier: les populations vivaient dans la peur des bombardements.
Erreur de date aussi pour la décision des Allemands d'évacuer la population (1915 ou 1917?). Les habitants doivent prendre le train, avec ceux de Saint Martin l'heureux, en emportant le minimum vital. Le départ a lieu à 7h  un matin, ils sont emmenés à Signy l'Abbaye; ils sont d'abord logés dans l'école, où ils dorment sur la paille. Certains mourront à cause des difficiles conditions de voyage (dysenterie) et d'hébergement qui dureront 2 mois. Ensuite, ils pourront loger chez l'habitant, avec la permission des Allemands. A partir du 30 novembre 1915, leur situation  s'améliore et ils sont ravitaillés par les Américains.
Ils doivent travailler pour les Allemands: dans les jardins, aux bois, à la scierie, au chemin de fer pour recevoir un salaire; au début, c'est difficile, car ils sont mal nourris. Les femmes feront les foins.
- Le culte: l'église est réservée au culte allemand, protestant ou catholique. Le curé de Dontrien étant mobilisé, un remplaçant va  gérer toute la région de la Suippe. Il pourra dire 6 fois la messe, mais il est très surveillé. Le clocher sera détruit, car c'est un repère pour l'artillerie fraçaise. Les statues et autres objets religieux disparaitront.

Reconstruction
Le village est complétement détruit, les habitants disposeront de quelques maisons, d'une mairie et d'une église provisoires. Les maisons seront reconstruites dans les années 1920, la nouvelle église inaugurée en 1932.

 

Résumé par Laurence MILLOT avec le concours de C.BACQUENOIS

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