Mémoires des Monts de Champagne

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Exposition sur l'année 1914

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NAUROY
au pied du Mont Cornillet
jadis « Noueroy, Naueroye » ( de noa irrigua), « Nucaretum », « Nueridum » du latin mecarium (noyer et collectif « etum »)


Village agricole situé entre BEINE et MORONVILLIERS, situé dans des coteaux crayeux, plantés de sapins ou cultivés.

Domaine avec une maison de culture et un oratoire dépendant de l’abbaye de Saint Rémi vers le milieu du IXème siècle puis terre de l’Hôtel- Dieu de Reims, Nauroy fut constamment un secours de Beine ( l’autre étant le village de Mouchery).

Nauroy jouit d’une réelle prospérité agricole et compte 126 habitants, elle est pourvue d’une école et de routes excellentes (visites de 1886 et 1897 afin de constituer l’annuaire de la Marne). 

 L’église St Jean-Baptiste est construite pour la majeure partie en craie, les vitraux datent de la Renaissance. En avant du portail de l’église s’étend une place isolée de la route et bordée de deux ormes assez vigoureux et déjà séculaires (celui de droite serait un arbre de la liberté de 1790) et au milieu sur un tertre s’élève une croix en fer, posée sur un double socle en pierre de taille.
Le cimetière est séparé de cette place par un mur en craie et s’étend tout autour de l’église, sauf à l’ouest. Il est clos en tous sens de murs peu élevés.
Des souterrains de refuge relient le cimetière, l’église et plusieurs habitations.
Sur la droite de la route de Beine, près de l’entrée, se trouve une croix en fer où on peut lire en lettres pointillées : A la gloire de Dieu, posé par E. Caranjot, le 24 juin 1834. Fait par …
Il ne subsiste que peu de traces des fossés et remparts  (tablis au XVIème siècle) sauf dans le bas du village où subsistent deux abreuvoirs entourés de peupliers, bordés de noisetiers et toujours remplis d’eau.
Parmi les lieux-dits du terroir  la Buire, la Hutte, le Fossé Dominé, la Pierre le Fée, les Manzelles, les Gargasses et le Gros Caillou, certains ont été fouillés et ont révélé des vestiges mérovingiens ( propos de Mr Allart, maire de Nauroy en 1897).
Sur un mont assez élevé (257m), se trouve le signal de Nauroy (au sud est du village et sur la ligne des monts de Moronvilliers) : pierre de triangulation sur laquelle est gravée la date de 1821 et les lettres P.H..
La vue s’étend de là, sur la vallée de la Vesle et la Montagne de Reims.
(Renseignements tirés du répertoire dressé lors de l’inventaire des communes de 1840, 1886 et 1897)


Les habitants engraissent des moutons et des veaux. Les puits, ouverts dans la craie à la profondeur de 26 à 30 mètres, donnent une eau très saine et tarissent rarement.
Entre Nauroy et Beine, une noue s’emplit d’eaux dites bâtardes dans les années humides, et les conserve longtemps.
Le sol est composé pour moitié de terres blanches, qui sont les meilleures, de terres rouges passables et de terres grèveuses légères de qualité médiocre. Il convient au seigle, au sainfoin et à la luzerne.
Le territoire contient 1 591ha, dont 1 528ha en terres labourables, 26ha en bois ordinaires, 5ha en bois de pins,… (Renseignements tirés du Dictionnaire des communes de J.Chalette de 1845)
La population s’élève à 131habitants en 1726, 222 habitants en l’an IX, 185 habitants en 1872, 120 habitants en 1911.
Le maire est  Allart, Isidore Guérin l’adjoint, Berteaux le curé et Mme Cornet l’institutrice.
Le passage du facteur a lieu à 8h du matin.
Le café est tenu par Guénard, il y a 2 charpentiers Carenjot et Gillet, 1 maçon Léon Gillet et 22 familles de cultivateurs. (Renseignements tirés de l’annuaire Matot-Braine de 1905)

La guerre 14-18 va obliger la population à fuir définitivement les maisons  le 2 septembre 1914.
Les troupes allemandes occupent le village (non loin des lignes de front) qui sert de base de repos et de repli à partir du 3 septembre 1914.
Les monts de Champagne constituent un point d’observation stratégique pour l’armée allemande qui va organiser chaque sommet, chaque pente pour sa défense.
Le tunnel du Mt Cornillet constitue un refuge imprenable.
La bataille des Monts se rattache à l’offensive Nivelle au « Chemin des Dames » et se déroule du 17 avril au 20 mai 1917.
Un obus de 400mm atteint une cheminée d’aération du tunnel et asphyxie 600 jeunes soldats venus en réserve. Le tunnel est évacué et 6 000 Allemands sont faits prisonniers. On nomme cette bataille « la bataille des géants ».

Du village, il ne reste que quelques pierres. Le paysage est désormais lunaire, bouleversé par les obus, crevé de milliers d’entonnoirs, traversés par d’innombrables tranchées, déchiré par les barbelés, les chevaux de frise, … La craie est à nu.
 Des corps de soldats français et allemands sont encore dans le sol.
Mr Chamelot-Machet, maire de Nauroy, a souffert de cette guerre en perdant plusieurs des siens et décide de ne pas revenir dans ce village.

Nauroy est disparu, mort …
Une chapelle reconstruite sert de monument aux morts, il ne reste que quelques morceaux de pierres tombales dans le cimetière, des morceaux de piliers de l’église.
Le 14 juin 1950, le village de Nauroy officiellement disparu pour former le camp militaire, son nom et son territoire sont rattachés au village de Beine qui devient Beine-Nauroy.

La nature reprend ses droits. Dans les bois qui recouvrent les anciennes habitations et les anciens jardins, on retrouve des tuiles cassées, des entrées de caves comblées, des monticules de terre qui sont de pauvres témoins de la vie passée à Nauroy.

Un groupe de passionnés décide de faire revivre Nauroy, dégager ses ruines, ressortir ses écrits.
L’association « Les Amis de Nauroy » est née.

 

Résumé par Monique DURAND    

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